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Baal
08/04/2008 21:14
Baal
Baal est un dieu phénicien qui, sous les ramessides, est assimilé dans la mythologie égyptienne à Seth et à Montou.
Baal est un dieu d’origine sémite dont le culte a été célébré de - 3000 ans à l’époque romaine.
Son nom - le maître ou l’époux- se retrouve partout dans le Moyen-Orient, depuis les zones peuplées par les sémites jusqu’aux colonies phéniciennes, dont Carthage. Il est invariablement accompagné d’une divinité féminine (Astarté, Ishtar, Tanit...).
Baal n’est qu’une appellation générique, accompagnée d’un qualificatif qui révèle quel aspect est adoré : Baal Marcodés, dieu des danses sacrées ; Baal Shamen, dieu du ciel ; Baal Bek, le Baal solaire ; et surtout, Baal Hammon, le terrible dieu des Carthaginois. (On peut aussi citer Baal-Zebub, qui a donné Belzébuth).
Le culte de Baal se tenait sur des éminences, c’est une divinité des hauteurs. Il est envisagé que l’étymologie des « ballons » (Alsace, Guebwiller) puisse avoir un rapport avec la présence d’un culte de Baal, qui était un dieu répandu en Europe occidentale.
Baal comptait un temple important à Emèse (actuelle Ohms) en Syrie, dont la grand-prêtrise appartenait à la famille des Bassianides. En 218, son grand-prêtre devint empereur de Rome sous le nom d’Heliogabale, grâce à une parenté avec les Sévères par les femmes. Héliogabale, imposa son culte aux Romains.
Les rites maudits de Moloch Baal
Violents, en faisant appel aux plus profondes des pulsions humaines, en remontant dans la partie la plus S’il est vrai que même les dieux meurent, quelques uns d’entre eux, les plus anciens, ont fasciné les civilisations plus longtemps que les autres. Leurs cultes sombre des psychés de leurs desservants, ont marqué davantage la mémoire des hommes.
Rares sont les dieux qui peuvent se targuer d’une telle longévité. Baal, le vieux dieu Sémite, en fait partie : son culte a été célébré de ~ 3000 à l’époque romaine, sans discontinuer. Son nom, (« le maître »ou « l ‘époux » : synonymes révélateurs de sociétés où l’homme est le maître de son épouse) se retrouve dans tout le Moyen Orient, depuis les zones peuplées par les peuples Sémites, jusqu’aux colonies phéniciennes, au premier rang desquels on trouve l’immortelle Carthage, la ville dont le nom est à jamais attaché à celui du Dieu. Il est invariablement accompagné d’une divinité féminine dont les noms changent, Astarté, Ishtar ou Tanit à Carthage, la Tanit évoquée par Flaubert dans son magnifique Salambô. Baal n’est d’ailleurs qu’une appellation générique, c’est le second qualificatif qui révèle quel aspect de Baal est ici adoré : Baal Marcodés, Dieu des danses sacrées, Baal Shamen, Dieu des cieux, Baal Bek, le Baal solaire et surtout Hammon Baal, le terrible dieu carthaginois…
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Du Baal originel, on ne sait que peu de choses, mais des tablettes couvertes de signes cunéiformes, retrouvés dans les années 20 par une équipe d’archéologues français à Ras Shamra, dans l’ancienne Ougarit mésopotamienne, ont permis de retrouver la geste divine, dans ses grandes lignes. Le Dieu, dans un Panthéon dominé par la figure dominatrice du Dieu souverain El, fait d’abord figure d’intrus et doit mériter son rang. Il combat d’abord Yam, dieu des océans néfastes, avec l’aide d’Astarté. Il y gagne un côté très positif, celui de protecteur de la vie. Puis il se fait construire un palais, contre l’avis de El avec qui il s’oppose, avant de plonger dans un combat perdu dans la gueule de Môt, la mort déifiée. C’est la sœur de Baal qui finit par faire rendre gorge à l’infâme Môt, libérant un Baal furieux qui fait éclater sa colère sous la forme d’un orage effrayant mais là encore vivifiant. 7 ans plus tard, un nouveau combat entre les deux divinités tourne à l’avantage de Baal. Le mythe se charge d’épisodes prouvant un anthropisation poussée, et contenant nombres d’anecdotes mettant l’accent sur les faiblesses divines, qui sont les mêmes que celles des hommes : goût pour le vin et l’ivresse, obsession du sexe et de l’impuissance…
Avec l’époque hellénistique, la culture grecque et ses dieux recouvrent souvent les cultes de Baal d’oripeaux grecs, identifiant Astarté à Aphrodite et Baal à Zeus dans tout le monde maîtrisé par Alexandre et ses héritiers. L’hellénisation transforme au passage ces vieux cultes agraires, animistes, en cultes aux cérémonials plus élaborés, comportant des degrés d’initiation et de connaissances, dont nous ne connaîtrons jamais le détail, perdu à jamais.
C’est Carthage qui nous laisse deviner avec le plus de précision l’un des aspects qu’eurent ces Baal tardifs. La mieux connue et la plus puissante des colonies phéniciennes rompit en 480 avec sa métropole, au lendemain d’une bataille perdue. Le culte local de Baal refléta cette évolution, se concentrant sur le culte lié des deux divinités Hammon Baal et Tanit, le Jour et la Nuit, le Soleil et la Lune. Les Grecs ne s’y trompèrent pas et le couple divin des Carthaginois n’est plus associé à Zeus et Aphrodite mais à Saturne (ou Cronos) et Héra, la sauvagerie des temps originels alliée à l’austérité de l’époque de Zeus. Changement significatif pour Baal. Les Grecs ne l’identifient plus comme la sagesse même, mais bien à la violence et aux mythes les plus violents de la théogonie hellène : rappelons que Cronos mangeait ses propres enfants, que Saturne représente toute la sauvagerie originelle, la folie des temps premiers. Les sacrifices que la ville organisait pour le plaisir du Dieu sont les plus connus, parce qu’ils ont marqué la mémoire des contemporains comme au fer rouge. Diodore de Sicile, qui connaît d’autant mieux Carthage que les luttes furent permanentes entre les Grecs et Carthage pour le contrôle de la riche Sicile.
En 310, vaincus et assiégés par les Grecs de Sicile, Carthage souffrait de manque d’eau. Les prêtres, pour se faire pardonner leurs péchés par Baal, organisèrent un holocauste, ces sacrifices de grande ampleur (tel est le sens premier du mot) qu’on appelle aussi, dans un vieux terme hébreu passé en langue punique, des Moloch. Selon Diodore, 500 enfants de la noblesse furent exécutés de la plus atroce des façons. Un immense Baal trônait sur la place centrale de la cité. Il était creux, et l’on entretenait à l’intérieur un immense brasier. Les bras de la statue, articulés, emportaient les enfants, encapuchonnés de noir, dans la gorge béante où ils étaient précipités vivants, sous les yeux d’une foule que Diodore de Sicile décrit ivre de joie démente et de folie meurtrière. Selon lui, des hommes et des femmes, rendus fous par la foule surchauffée, se poignardaient mutuellement, se précipitaient dans le bûcher. Baal du être content : un orage s’abattit sur la ville, noyant la démence collective sous les trombes d’eau et remplissant les citernes. Le plus fou est que ce massacre dément fut fait pour absoudre un péché de la noblesse - toutes les petites victimes, nous l’avons dit, était nobles. Quel péché ? Celui de n’avoir pas perpétué l’antique tradition qui voulait que le premier rejeton de chaque famille noble soit immolé, afin de garantir le destin de la suite de la descendance. Rites de sang et de feu qui choquèrent profondément leurs adversaires grecs - dont les derniers sacrifices humains ne remontaient peut-être pourtant pas si loin. Mais la puissance supposée de ces rites avaient conduit chez les uns comme chez les autres à leur adoucissement, et au remplacement de divinités humaines par des substituts, animaux ou végétaux offerts en ersatz, si l’on ose dire.
Le plus fou est que tout cela recommença, provoquant la même horreur. Si l’histoire ne se répète pas, il lui arrive de bégayer. Au lendemain de la première guerre punique, dans laquelle s’étaient affrontés Carthage et Rome, alors puissance montante en Méditerranée, les mercenaires engagés par Carthage, lassés d’attendre une solde cent fois promise et jamais payée, firent le siège de Carthage, réussissant à prendre la première des trois enceintes. Les mêmes causes produisirent les mêmes effets. Les mercenaires, emmenés par Mâtho - c’est tout le contexte du roman de Flaubert, crevèrent les tuyaux de l’aqueduc qui ravitaillait la cité en eau potable. Plutôt que de payer enfin ses dettes, le Conseil des Anciens décida alors de réitérer le Moloch. Chaque famille de Carthage, et non plus seulement les nobles, durent livrer un enfant pour le sacrifice. Le jour suivant, la foule se pressa en masse sur la place, devant le temple de Moloch. Un pan du mur avait été abattu afin que l’on puisse sortit le Dieu d’airain au grand jour. Le feu avait été entretenu une bonne partie de la nuit. La foule commença à défiler, jetant au feu, à travers l’énorme bouche incandescente, bijoux et richesses. Les offrandes étaient de plus en plus belles, la folie semblait grandir au fur et à mesure. Les prêtres, sur les côtés se balafraient le visage. Des membres du clergé, les Dévoués, s’appliquèrent mille supplices, se perçant la poitrine de pointes de fer, se fendant les joues, sa lacérant tout le corps. Puis l’on poussa le premier enfant. Un prêtre étendit sa main sur lui, et le chargea de tous les péchés du peuple pour satisfaire la colère de Baal. Partout retentissaient les cris « Seigneur, mange ! », « Verse la pluie, enfante ! »…
Puis tous défilèrent, le visage et le corps masqués pour ne pas voir et pour que dans la foule, aucune mère, aucune sœur ne reconnaisse un fils ou un frère et ne s’effondre en hurlant sa douleur. Il fallait qu’aucun Carthaginois ne faiblisse. On dit qu’il y eut autant de victimes que l’année solaire compte de jours, mais le chiffre fut vite dépassé. Cela dura des heures, et les mercenaires, massés sur la première enceinte, purent voir, horrifiés, le colosse gavé se mettre lentement à rougeoyer, et à vaciller presque, peinant à consumer toutes les victimes de cette folie collective. Les prêtres plongeaient les mains dans les cendres encore chaudes, le rejetant sur la foule amassée au pied de l’édifice. Dans cette frénésie collective, cette ivresse monstrueuse, comme cent ans plus tôt, la soirée ouvrit la voie à une Saint-Barthélemy païenne où les assassinats succédaient aux sacrifices improvisés. Les Carthaginois, gorgés d’horreur, furent là encore récompensés par un orage qui remplit les réservoirs. Le lendemain, les mercenaires levèrent le siège en pataugeant dans la boue. Carthage était sauvée. Baal avait triomphé de ses ennemis.
Il fallut attendre la destruction de la ville, par Scipion, pour que meure le culte de Baal sur la côte africaine autour de Carthage. L’épisode avait tant marqué les esprits que le sol fut maudit, et salé pour que rien, jamais, n’y repousse. Telle était la haine romaine pour la vieille cité punique, qu’il fallut attendre près de 200 ans avant qu’Auguste ne refonde la cité, dont le site était excellent. Ainsi meurent les dieux, quand d’autres dieux plus puissants qu’eux finissent par l’emporter grâce aux peuples qui les révèrent. Mais ils meurent lentement. Combien de pratiques domestiques aujourd’hui disparues perpétuèrent-elle quelque temps les rites maudits de Moloch Baal ?
Sithys
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Origines des demons
18/07/2006 15:50
LES ORIGINES DES DEMONS 
A quand remonte l'apparition des démons ?
Dès les premiers ages de notre terre, chez les assyriens par exemple, on note que ce peuple qui adorait 12 grands dieux, entretenait également une religion secrète, faite de mystères de magie et de sorcellerie. Les découvertes archéologiques ont permis de trouver de nombreux objets de culte (textes, amulettes, talismans) prouvant la présence d'une culture démonologique. Cependant ces esprits pouvaient être bons comme mauvais, et étaient décrits de façon précise et très hiérarchisée.
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Dans la démonologie juive, il est plus invoqué les anges, et les bons esprits que les démons. Cependant on constate qu'une des caractéristiques de la religion juive elle-même est la multitude de démons mis en scène. L'air est rempli de démons capables de transmettre les maladies et épidémies.
Dans la religion Chrétienne, dans le livre de la Genèse, qui traite des origines de l'homme, il n'est pas question de démon (ni Lucifer, ni Satan ne sont cités), on ne parle que du serpent tentateur d'Eve.
Pendant les premiers siècles du Christianisme, Jésus-Christ est appelé Lucifer, c'est-à-dire Porteur de Lumière (du latin lux, lumière et ferre, porter). Ce n'est qu'à compter du Moyen-Âge que Lucifer désignera le démon.
Origène, dans son De Principiis, fut le premier à considérer que Lucifer " Astre du Matin " était tombé dans l'Abîme pour avoir voulu égaler dieu et que sa déchéance lui avait valu de devenir …. Satan, l'Accusateur, le Tentateur et, en fait, le Diable.
Verset du Livre du Prophète Isaïe (XIV, 12/15) " Oh ! Quelle chute as-tu faite du haut des cieux, Astre du matin, fils de l'Aurore ! Toi qui disais dans ton cœur : " J'escaladerai les Cieux, j'y érigerai mon trône et je siègerai sur le Mont des Assemblées … Je serai l'égal du très haut ! Et te voila précipité dans le sépulcre, dans les profondeurs de l'abîme. "
Par la suite d'autres, comme Tertulien, Saint Ambroise, ont accrédité cette thèse. Ainsi, le Diable n'est entré dans la théologie et donc dans la Genèse que postérieurement aux premiers textes Chrétiens - Les Evangiles - sur la base de l'interprétation d'un texte hébraïque.
Certains exégètes, bien que la trouvant insuffisante, justifient cette antique interprétation et admettent désormais que le texte d'Isaïe est le plus ancien témoignage de la Chute de l'Archange, porteur de Lumière, vers les Ténèbres de l'Abîme.
D'autres n'ont vu dans ce texte que la prédiction de la chute de Babylone et de son dernier roi. Dés lors pour ceux-ci il n'y a donc pas de Diable du fait que l'on n'en trouve trace nulle part ailleurs dans la Genèse.

Ce ne sera qu'au Moyen - Age, sous le totalitarisme dogmatique de la religion, que l'existence du Diable sera posée comme un dogme de la foi Catholique et que son existence est érigée au rang de Vérité révélée.
Ce dogme affirme que, suite à sa déchéance, Lucifer, l'Ange de Lumière, est devenu Satan, le Prince des Ténèbres, autrement dit , le Diable et que ce n'est pas dans l'Abîme qu'il a été précipité mais dans les Enfers.
Qui plus est, cette période est marquée par de nombreuses catastrophes ( épidémies, guerres, massacres, famines) il est donc utile à l'église romaine de pouvoir les présenter également comme les effets de l'ouvre du Diable et " dédouaner " en quelque sorte Dieu. Ce dernier étant miséricordieux et que s'il pouvait châtier, il pouvait également sauver les hommes avec, bien entendu, le concours de son église.

C'est l'époque où la théologie va se déchaîner …….. s'endiabler ! Elle va se scinder en deux sciences. La théodicée, qui est l'étude de Dieu et la démonologie, qui est l'étude du Diable.
La démonologie va alors présenter Satan comme le chef des anges rebelles à Dieu. Vaincus par les anges fidèles conduits par l'Archange Michel, ils sont chassés du Ciel et condamnés à l'Enfer. Ils reviendront sur terre cherchant à nuire aux hommes en les portant au mal par la tentation. Ces démons peuvent être chassés du corps d'un possédé par exorcisme.
Les termes employés pour qualifier le Diable sont nombreux et reflètent bien ce qu'il représente : Le Tentateur, le Menteur, Le Séducteur, Le Malfaisant, Le Mauvais, Le Malin, Le Prince du Monde. En un mot il s'agit de La Bête de l'Apocalypse. Elle s'incarne sous l'apparence du serpent
Sithys.
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Erzébet Bathory
30/06/2006 22:54
Genese
Erzébet arpente de sa beauté troublante les nuits glaciales de notre histoire, de nos légendes. Son seul nom suffit à inspirer l'épouvante, la mort, à griffer nos tympans. Pourtant connaissons-nous sa véritable histoire ? Pourquoi ce maelström de violence, de meurtre et de sang ? Erzébet Bathory comtesse des supplices.

Depuis leurs origines, les Bathory se distinguent et forment un clan, d'un mystique qui traduisit la bible jusqu'à une comtesse se baignant dans le sang. Tous étaient tarés, cruel et luxurieux, fantasques et courageux, écrit Valentine Penrose, seule biographe de la comtesse. Famille princière de Transylvanie, descendance d'horreur dans une patrie où créatures de la nuit et vampires dansaient sur les cadavres des villageois .
Le nom Bathory est sans doute d'origine allemande. Le clan a trouvé son nom vers la fin du XIIIème siècle sous le règne de Ladislas IV, où un chevalier mérita pour sa bravoure le nom de Bator, soit "le courageux". De cette suite de portraits des Bathory se dégagent comme des émanations de folie. Les tares se transmettent, les Bathory souffrent de la goutte mais aussi d'un mal inconnu et étrange pour l’époque, l’épilepsie. Toute sa vie Erzébet se plaindra d'horribles maux de têtes .
Mon époux bien aimé, je vous écris au sujet de mes enfants. Grâce à Dieu, ils vont bien mais Orsik à mal aux yeux et Kato a mal aux dents. Je vais bien, mais j'ai mal à la tête et aux yeux aussi.
Erzébet, lors de la rédaction de cette lettre, n'est pas encore devenue un monstre, elle n'a que 36 ans.
Génealogie
Etienne Bathory, nommé prince de Transylvanie en 1571, réussit à devenir roi de Pologne le 10 juillet 1575 ; un règne de gloire et de conquêtes . Il reforma l'armée, créant la cavalerie polonaise pour contrer les attaques d'Ivan le terrible et mourut le 12 décembre 1586, épileptique... Un autre oncle, Istvan, illettré, menteur, faux monnayeur, finit ses jours dans le délire :
Une folie telle qu'il prenait l'été pour l'hiver et se faisait alors voiturier en traîneau, comme par temps de neige sur des allées couvertes de sable blanc.
Gabor Bathory
Gabor Bathory, cousin d'Erzébet fut Roi de Transylvanie en 1608, il se rendit célèbre pour ses débauches et son orgueil. Il commit l'inceste avec sa soeur Anna dont il eut deux enfants qui moururent avant l’âge de 12 ans . Il mourut le 27 octobre 1613, tué soit par ses ennemis, soit par une foule vengeresse. Un second Gabor, célèbre pour ses crises de possession au cours desquelles il mordait. Klara, tante d'Erzébet, "cette folle qui prenait ses amants sur tous les chemins de Hongrie et jetait dans son lit les femmes de chambre" commente Valentine Penrose. Elle épuisa quatre maris et en assassina un en l’étouffant sous un oreiller. Vers la fin de sa vie, elle entretint un jeune homme à qui elle offrit un beau château, mais un pacha fit rôtir le profiteur à la broche, quant à Klara, elle finit violée par une garnison ; elle n'en serait pas morte, mais on la poignarda pour en finir.
Enfin signalons Andreas, le cousin d'Etienne qui fut tué à coups de hache au sommet d'un glacier. Erzébet est issue d'un mariage consanguin, Anna : sa mère, soeur d'Etienne Bathory épousa son cousin György Bathory dont elle eut quatre enfants : Istvan un fou sadique, Erzébet et enfin deux filles, Sophie et Claire.
L'époque
Famine et peste régnaient en maîtres, le péril turc était omniprésent, la Hongrie était un grenier qu'ils pouvaient piller à loisir . Les paysans ne pouvaient aller travailler dans les champs qu'avec l’épée au coté et leur chevaux scellés pour s'enfuir en cas de nécessité. La guerre faisait rage, lors d'une défaite Hongroise, Soliman tint son divan sous une tente rouge où deux mille têtes coupées servaient de trophées ; ils y'avaient des têtes d’évêques, de riches mais celle du roi manquait, on ne la trouva qu'un peu plus tard dans un marais... La sorcellerie était omniprésente car elle est la fille de la crainte et de la misère. Elle trouvait en ce chaos les forces nécessaires pour grandir, pour prospérer et ainsi étendre les monstrueux tentacules de la superstition et de la folie.
Vie
Erzébet Bathory
Elle naquit en 1560. Sa jeunesse se passa dans de sombres châteaux, battus par les vents d'hiver. La mélancolie et la mort furent ses compagnes de jeu. Le danger Turc préoccupait, toujours parvenaient les échos des cris des victimes, les Reines et favoris étaient décapites, assassinés. Les forces de la mort tournoyaient, telle une brume dévorante sur l'ensemble du pays. Fiançailles à 11 ans avec un Hadasdy, grande famille de Hongrie, Ferencz était né le 6 octobre 1555, grand combattant devant l'ennemi turc, méritant pour sa bravoure le titre de Prince noir.
L'usage voulait qu'Erzébet fut élevée par sa future belle mère, une femme pudibonde qui la privera de toutes les joies de l'enfance, l’assommant de saintes lectures et de prières. Le mariage eut lieu quatre années plus tard en mai 1575, s'unissaient alors deux des plus puissantes familles du pays. Les jeunes mariés se fixèrent à Csejhhe, en un château sombre et lugubre sur une montagne désertique. C'est là qu'Erzébet passera la plus grande partie de son existence tandis que son époux guerroie. Elle s'ennuie, seule, abandonnée, elle erre parmi les longs couloirs humides et noirs du château.
Ruines du chateau de Csejthe
Trompa t-elle son mari ? Sans doute, lors de son procès, son lesbianisme fut mis au grand jour, Valentine Penrose fait allusion à une femme mystérieuse, une initiatrice aux amours ancillaires. Les premières manifestations de sa cruauté se manifestèrent déjà du vivant de son mari. Une parente de ce dernier fut dévêtue, enduite de miel et abandonnée un jour et une nuit dans le jardin pour que les insectes la piquent, l'une des punitions d'Erzébet ...
1579, sa belle mère meurt, c'est de cette époque que date le seul portrait, aujourd'hui disparu de la comtesse. Elle se rendit plusieurs fois à Vienne, déjà le surnom de Blutgräfin, (la comtesse sanglante) circulait. On racontait des histoires de sang coulant dans la capitale, de cris des filles assassinées. Vers la fin du XVIème siècle, le couple acquit une vieille bâtisse, il semble que son sadisme ne connut plus de bornes. La nuit se gonflait de hurlements et, chaque matin, Illona et Darko son aide jetaient dans la rigole des baquets d'eau rougies. C'est aussi dans cette maison qu'il fallait verser des cendres tout autour de son lit ; car les flaques de sang, dans sa chambre étaient si vastes, qu'elle ne pouvait les franchir pour aller s'étendre. A cette remarque de Valentine Penrose s'ajoute celle d’ Ilona :
Même en son palais de Vienne, la comtesse cherchait un endroit où pouvoir les torturer à l'abri ; il fallait toujours laver les murs et le plancher .
Les séjours dans cette bâtisse de l'horreur furent toujours exceptionnels. Trois enfants pourtant naquirent, elle sut toujours rester une mère aimante et attentive. Les années passèrentt, contre l'ennui, contre le temps qui passe, Erzébet veut rester jeune et belle. A cinquante ans, aux dires des témoins, elle présentait un aspect de jeunesse presque effrayant, une pâleur laiteuse qui fascinait et épouvantait à la fois. Le 4 janvier 1604, son époux meurt, Erzebet est de nouveau seule, veuve. Des lors elle se montrera impitoyable, cette situation lui apporta des forces nouvelles. Les complices redoublent d'effort pour apporter d'autres victimes, en échange de nourriture ou de récompenses, des complices au sein des villages apportent de pauvres jeunes filles à l'ogresse. La rumeur gonfle, hurle, trop de filles disparaissent ...
Crimes
Les complices
Ujuary Janos, surnommé Ficzko, un bossu idiot à la fois servile et sadique, il n'avait pas 20 ans lorsqu'il fut condamné . Jo Ilona entra quant à elle en 1591. Ce fut la nourrice des enfants de Bathory. On la décrit grande, forte, laide et répandant une horrible odeur propre aux femmes qui ne se lavent pas. Dorotya Szentes, surnommée Dorko, spécialisée dans les incantations et les envoûtements. Kandoska, ivrognesse ayant pour mission de parcourir le pays. Enfin, Katalin Beneizky qui devait faire disparaître les cadavres. Celle qui sans conteste libéra la folie meurtrière de Bathory fut Anna Darvulia, Ficzko lors du procès avoue que seulement après l'arrivée de Darvulia, les tortures devinrent plus cruelles. Selon Valentine Penrose, elle fut celle qui initia Erzébet aux jeux les plus cruels, qui lui apprit à regarder mourir. En 1609, lorsque les soupçons se firent plus fort autour de Bathory, la sorcière s'enfuit dans la foret, nul ne la revit jamais.
Quelle sont les parts de responsabilités de cette galerie d'horreur ? Quelle est le rôle exact d'Erzébet ? l'histoire restera silencieuse comme un tombeau...
Les supplices
Lors de son interrogatoire Ficzko déclara :
Elles attachaient les mains et les bras très serrés avec du fil de fer, et les battaient à mort, jusqu’à ce que tout leur corps fut noir comme du charbon et que leur peau se déchirât. Dorko quant à lui déclara :
Les doigts étaient coupés un à un avec des cisailles, Ilonna apportait du feu, faisait rougir les tisonniers, les appliquait sur la figure, le nez, et la bouche. Quelquefois les filles étaient laissé sans nourriture et sans eau durant plusieurs jours. Ilona donne des précisions :
La maîtresse avait fait chauffer à blanc une clé et brûlé grâce à elle la main des jeunes filles. Elle faisait de même avec des pièces de monnaie que les jeunes filles avaient trouvées sans les rendre à la maîtresse.
Justice
Justice
Noël 1610, des personnalités avaient demandé accueil à Erzébet, parmi les hôtes, l'Empereur d'Autriche, le palatin Gÿorgy Thurzo, demandèrent officiellement l'asile, en fait devant les rumeurs, Thurzo se livrait à une enquête, il interrogeait, il cherchait . Vienne l'autorise enfin à une perquisition. La fouille fut accablante, du sang, des corps, l'horreur.
Dans une cellule, le bétail qui attendait les prochaines séances de massacre, elles dirent qu'elles avaient avalé la chair grillée de leurs compagnes mortes ; unique nourriture. On découvrait dans son propre appartement des pentacles et tout un appareil pour des messes impies ainsi que des escaliers secrets menant à des cachots ou à la salle de torture.
Gyorgy Thurzo
La sentence est douce, Thurzo la condamne :
Erzebet, tu es comme une bête. Tu vis tes derniers mois. Tu ne mérites pas de respirer l'air de cette terre, ni de voir la lumière de Dieu ; tu n'es plus digne non plus d'appartenir à la société humaine. Tu vas disparaître de ce monde et tu n'y rentreras jamais, les ténèbres t'entoureront . Je te condamne à la prison éternelle dans ton propre château.
On décide de cacher l'affaire dans l’intérêt des descendants, Bathory est une famille puissante et connue, le Roi n'approuve pas, le procès se déroula à Biese entre les 2 et 7 janvier 1611.
Attendu que ses complices étaient Ficzko, Jo Ilona et Dorko, et que ces crimes demandent châtiment, nous avons décidé qu'à Jo Ilona, puis à Dora Szentes, les doigts seront arrachés par les pinces du bourreau ; elles seront ensuite jetées vivante dans le feu. Ficsko vu son âge eut droit à une peine plus modéré, il sera décapité avant que son corps ne soit jeté au feu.
Le roi voulut l’exécution d'Erzébet mais une fois encore Thurzo se defendit en rappelant la grandeur des familles qui se terraient derrière le nom de Bathory. Enfin en avril, sans doute sous la pression de la cour royale, on confirma la sentence de Thurzo, la prison perpétuelle. Erzebet fut emmurée, des maçons bouchèrent les fenêtres, hormis quelques centimètres carrés. Durant trois ans et demi, elle vécut ainsi dans cette lugubre lueur de puits.
Elle mourut le 21 août 1614. Deux témoins attestent de sa mort, la nouvelle recrue qu'on avait mise de garde, curieuse de voir cette goule que l'on disait d'une si grande beauté, jeta un coup d'oeil par l'ouverture et la vit, allongée sur la face immobile ....

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Ingrid Pitt dans Countess Dracula, de Peter Sasdy, Angleterre 1971. |
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Paloma Picasso dans les Contes immoraux, de Walerian Borowczyk, France 1974. |
Sithys
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Anecdotes et histoires liées au Vampirisme
29/06/2006 23:07
Anecdotes et histoires liées au Vampirisme
S'il y'eut jamais au monde une histoire garantie et prouvée, c'est celle de Vampires. Rien ne manque : rapports officiels, témoignages de personnes de qualité,de chirurgiens, de prêtres, de juges : l'évidence est complète.
Jean Jacques Rousseau |
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Depuis la nuit des temps, l'homme a matérialisé sa peur de la mort et du néant par l'apparition d'angoisses nocturnes.
La spectropathie fondée sur l'hallucination de la vue et du toucher ainsi que la tristesse des sujets et les cauchemars allaient alimenter un climat contagieux de terreur collective dont le vampire est certainement la créature la plus connue.
Parmi ces formes, l'animation démoniaque d'un cadavre est certainement la plus ancienne, on retrouve ces traces jusqu'à l'antiquité et au début du christianisme.
Le démon pouvait prendre une forme corporelle attractive (succube) afin d'ajouter la possession physique à la possession psychique.
Il pouvait se contenter à cette fin d'entrer en possession du corps d'un défunt et de le manoeuvrer comme un automate.
Ces démons pouvaient prendre la forme d'une jolie fille pour les posséder et les sucer de leur sang , les égorger ou les dévorer.
On distingue parmi ces " précurseurs " indirects des vampires :
- Les Lamies :serpents ailés se terminant par une tête et un buste de femme. Dans la mythologie grecque, Lamia, autrefois belle jeune femme fut punie par la jalouse Héra qui tua tous ses enfants, pour se venger Lamia se métamorphosa en monstre, mangeant les nourrissons des jeunes parents.
- Les Striges :démons femelles aillées munies de serres.
- Les Empuses :spectres multiformes de la nuit pouvant se muer en monstres innommables ou en créatures de rêve.
- Les Omosceles :démons aux pieds d'ânes qui s'attaquaient aux voyageurs égarés.
Une variante orientale de ces démons est la Goule qui d'après les Mille et une nuit erre dans les campagnes et se jette par surprise sur les passants pour les tuer ou le cas échéant se rend la nuit dans les cimetières se repaître de la chair des défunts.
Pourtant vers le milieu du 18 ème siècle qu'on s'applique à nous dépeindre comme celui des lumières et du rationalisme, d'étranges cas sont signalés dans la lointaine Hongrie ....
Elle est le théâtre d'abominations, on y' voit des hommes morts depuis plusieurs mois revenir, parler, marcher, infester les villages et sucer le sang de leurs proches.
Pour ces malheureux villageois, une seule délivrance : l'exhumation du corps, l'empalement, la décapitation et l'extirpation du coeur.
D'autres par contre entendent la nuit venue dans les cimetières les morts "mâcher" dans leurs tombeaux provocant un bruit semblable à celui qu'un porc fait en mangeant.
Un fil ténu relie l'état vampirique à la démonologie, il réside d'une part dans les croyances folkloriques qui veulent qu'après leur mort, les loup garous deviennent vampires ; d'autre part dans le fait que les démons incubes empruntent souvent le véhicule des cadavres pour parvenir à leurs fins érotiques.
Cadavres de sorciers, excommuniés, suicidés sont la nourriture diabolique d'une psychose infernale.
Delancre l'exprime clairement dans son Tableau de l'inconstance paru plus de cent ans avant le déclenchement de cette incroyable épidémie :
Les corps des morts ne sont jamais ôtés de leur repos par les bons anges ...
Les démons seuls qui tourmentent les mortels et morts et vivants, ont accoutumés de s'en servir ...
Les démons se joignent volontiers au corps des méchants et des damnés
De nombreux intellectuels se penchèrent sur cet inquiétant problème qui n'avait rien de tellement nouveau puisque la Bible, Homere, Ovide l'avaient abordé par le biais de la nécromancie.
Plus édifiant encore sont les faits mentionnés dans de nombreux comptes rendus, des textes rapportent que l'évêque d'Olmütz en Moravie, devant la multiplication des plaintes des villageois de la région, mit sur pied des commissions d'enquêtes. Ces dernières recueillaient les témoignages, exhumant les corps suspecté de maléfice nocturne et procédaient à leur examen.
En cas d'absence de signe de corruption charnelle, les corps étaient soumis à une procédure judiciaire au terme de laquelle ils étaient livrés au bourreau pour être exécutes suivant un rituel particulier :
Après leur avoir planté un pieu en plein coeur et coupé la tête, les restes étaient brûlés et les cendres dispersées.
Ces commissions étaient généralement formés d'autorités ecclésiastiques, militaires, judiciaires et médicales.
Une anecdote tirées du livre de Michael Ranft " De masticatione mortuorum in tumulus liber " sur le cas de Mr Plogojovitz :
Après donc qu'on est exhumé le cadavre, on trouva que son corps n'exhalait aucune mauvaise odeur, qu'il était entier et comme vivant, à l'exeption du bout du nez qui paraissait un peu flétri et desséché.
Que ses cheveux et sa barbe étaient crus, et qu'a la place de ses ongles qui étaient tombés, il en était venu de nouveaux ; que ses sous sa première peau, qui paraissait comme morte et blanchâtre, il en paraissait une nouvelle saine et de couleur naturelle, ses pieds et mains étaient aussi entiers qu'on les pouvait souhaiter dans un homme bien vivant.
Ils remarquèrent aussi dans sa bouche du sang tout frais, dans l'indignation ou se trouvaient tous les assistants, on envoya aussitôt chercher un pieu bien pointu, qu'ils enfoncèrent dans la poitrine du vampire, d'ou il sortit quantité de sang frais et vermeil, de même que par le nez et la bouche. Après cela les paysans mirent le corps sur un bûcher, et le réduisirent en cendres
Ce type de procès aux défunts se multiplièrent au début du XVIII eme siècle en Europe centrale et orientale, c'est l'Abbé benedictain Dom Augustin Calmet qui synthétise le mieux les préoccupations en rassemblant nombre de témoignages et de compte rendus dans son " Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie " de 1751.
Une étude qui connut un succès dans pareil, Jean Jacques Rousseau dans une lettre à l'archevêque de paris, s'avouait étonné par l'abondance de témoignages autorisés.
Voltaire dans son dictionnaire philosophique relevait le paradoxe suivant :
Les chrétiens d'Occident considéraient ces corps comme un signe de béatitude tandis que pour les chrétiens d'Orient, il s'agissait d'un signe de damnation
Cette multitude de textes nous démontrent comment les superstitions et les terreurs ancestrales exerçaient leurs influences sur les esprits ou chacun suivant la remarque du célèbre criminologiste Le Dr Locard " On tremblait à l'idée de s'éveiller dans un tombeau ".
Depuis très longtemps le peuple des campagnes avait constaté que les démons hantaient les cimetières, obligeant les personnes disparues soupçonnées de vampirisme de dévorer leur suaire.
Ce bruit résultant de cette mastication passait pour annoncer l'éclosion de la peste et entraînait la violation et la mutilation des cadavres.
Deux illustres savants :Phillipe Retrius, auteur d'un traité De masticotione mortuorum de 1679 et Michael Ranft, à qui l'on doit un De masticatione mortuorum in tumulus de 1728 devaient accréditer l'hypothèse selon laquelle certains défunts dévoraient dans leurs tombeaux tout ce qui s'y trouve.
Toujours selon Dom Calmet la coutume voulait qu'on mît une motte de terre sous leur menton ou qu'on leur serrât la gorge lors de la mise en bière.
On tentera de répondre à ces cinq questions :
- Les morts mâchent-ils en faisant du bruit avec la bouche ?
- Dévorent ils leur linceul ?
- Sont ils le plus souvent de sexe féminin ?
- Se manifestent ils seulement en temps de peste ?
- Causent ils la mort de leurs proches ?
Quelques réponses :
Les morts dévorent ils leur vêtement ?
Or les rapports fournis sur les morts qui mâchent, en majorité s'accordent pour dire que le mort a dévoré et avalé de ses vêtements funéraire tout ce qu'il a pu atteindre avec sa bouche.
Or le cas Hongrois que nous nous efforçons d'examiner ne nous livre pas d'information semblable.
Exhumé, Plogojovitz avait tous ses vêtements encore intacts.
La seule chose qui semble appartenir a ce motif est le sang qu'on a trouvé dans la bouche et que l'on a cru sucé par lui sur des gens qu'il avait tués. Les serpents carnivores : peut il en naître de la moelle des os ? Il existe plusieurs espèces de créatures qui se nourrissent de chair humaine et qui peuvent facilement descendre dans les tombes pour y ronger les cadavres. la première place revint aux serpents dont on constate le goût pour la chair tendre .
Cause de la voracité des morts :
Nous pensons que les serpents élisent domicile dans les cadavres et que ce sont eux qui tirent les étoffes
Le sexe féminin :
Toute pierre est bonne à ramasser pour la lancer sur la réputation de la femme
Pourquoi la devoration des cadavres ne s'observe qu'autour de la bouche ?
Nous répondons :c'est parceque ces parties là sont dénudées, la coutume veut que le corps soit couvert avant l'ensevelissement par les vêtements funéraires, à l'exemption du visage et des mains, ainsi les autres membres restent généralement hors d'atteinte dans les tombeaux mais les mains, du fait de leur maigreur n'offrent guère de pâture aux petites bêtes, en revanche le visage et le cou, charnue et d'un tissu riche en graisse sont les parties les plus tendres à manger et constituent donc une proie plus facile à manger
Un raisonnement logique nous permet d'expliquer l'apparition de ces superstitions par :
- Inhumations précipitées à la suite de prénomenes cataleptiques ou d'épidémies hautement contagieuses.
- Croyances et superstitions relatives a la méchanceté des disparues.
- La mort des suicidés dont les villageois se sentaient plus ou moins responsables.
- La conservation " miraculeuse " des cadavres par des terrains riches en arsenic .
- la porphyrie :anomalie du métabolisme entraînant des malformations dentaires et incitant à réclamer des absorptions de sang.
Lettre d'un fort honnête homme et fort instruit de ce qui regarde les revenants
Mon cher cousin,
Vous souhaitez être informé au juste de ce qui se passe en Hongrie au sujet de certains revenants, qui donnent la mort à bien des gens en ces pays là. Je puis vous en parler savamment, car j'ai été plusieurs années dans ces quartiers là, et je suis naturellement curieux.
J'ai ouï en ma vie raconter une infinité d'histoires ou prétendues telles, sur les esprits et les sortilèges, mais de mille, à peine ai je ajouté foi à une. On ne peut être trop circonspect sur cet article, sans courir le risque d'en être trop dupe. Cependant il y'a certains faits si avérés qu'on ne peut dispenser de les croire. Quant aux revenants de Hongrie voici comment la chose s'y passe.
Une personne se trouve attaquée de langueur, perd l’appétit, maigrit à vue d'oeil, et au bout de huit ou dix jours, quelquefois quinze, meurt sans fièvre ni aucun symptôme que la maigreur et le dessèchement. On dit en ce pays là que c'est un revenant qui s'attache à elle et lui suce le sang. De ceux qui sont attaqués de cette maladie, la plupart croient voir un spectre blanc qui les suit partout, comme l'ombre fait corps.
Lorsque nous étions en quartier chez les Valaques dans le Banat de Temesvar, deux cavaliers de la compagnie dont j'etais cornette, moururent de cette maladie et plusieurs autres, qui en étaient encore attaqués en seraient morts de même, si un caporal de notre compagnie n'avait fait cesser la maladie en exécutant le remède que les gens du pays emploient pour cela. Il est des plus particuliers et quoique infaillible, je ne l'ai jamais lu dans aucun rituel. Le voici :
On choisit un jeune garçon qui est d'âge à n'avoir jamais fait oeuvre de son corps, c'est a dire qu'on croit vierge. On le fait monter à poil sur un cheval entier qui n'a jamais sailli, et absolument noir, on le fait promener dans le cimetière et passer sur toutes les fosses ; celle où l'animal refuse de passer, malgré force coups de cravache qu'on lui délivre, est réputée remplie de Vampires ; on ouvre cette fosse, et l'on y trouve un cadavre aussi gras et aussi beau que si c’était un homme heureusement et tranquillement endormi ; on coupe le col du cadavre d'un coup de bêche, dont il sort un sang des plus beaux et des plus vermeils et en quantité. On jurerait que c'est un homme des plus sains et des plus vivants qu'on égorge. Cela fait, on comble la fosse, et on peut compter que la maladie cesse et que tout ceux qui en étaient attaqués recouvrent leurs forces petit à petit, comme gens qui échappent d'une longue maladie et qui ont été exténués de longue main.
Augustin Calmet, Extraits de Dissertation sur les apparitions des esprits, 1751.
Après donc qu'on est exhumé le cadavre, on trouva que son corps n'exhalait aucune mauvaise odeur, qu'il était entier et comme vivant, à l'exeption du bout du nez qui paraissait un peu flétri et desséché.
Que ses cheveux et sa barbe étaient crus, et qu'a la place de ses ongles qui étaient tombés, il en était venu de nouveaux ; que ses sous sa première peau, qui paraissait comme morte et blanchâtre, il en paraissait une nouvelle saine et de couleur naturelle, ses pieds et mains étaient aussi entiers qu'on les pouvait souhaiter dans un homme bien vivant.
Ils remarquèrent aussi dans sa bouche du sang tout frais, dans l'indignation ou se trouvaient tous les assistants, on envoya aussitôt chercher un pieu bien pointu, qu'ils enfoncèrent dans la poitrine du vampire, d'ou il sortit quantité de sang frais et vermeil, de même que par le nez et la bouche.
Après cela les paysans mirent le corps sur un bûcher, et le réduisirent en cendres .
Sprenger, Malleus Maleficarum, part 1.
Un de nos inquisiteurs ayant rencontré une ville devenue presque déserte par une mortalité d'hommes, apprit qu'on attribuait ce fléau au pouvoir d'une femme ensevelie, et qui avalait peu à peu le drap mortuaire dont elle état enveloppée. On lui dit encore que le fléau de la mortalité ne cesserait que lorsque la morte aurait avalé tout le drap. L'inquisiteur ayant assemblé tout le conseil,fit creuser la tombe, de concert avec le maire de la ville, et l'on trouva que la moitié du suaire était déja avalé et digéré. A ce spectacle l'un d'entre eux tira son sabre, coupa la tête au cadavre, la jeta hors de la tombe, et la peste cessa. Après une enquête exacte on découvrit que cette femme avait été adonnée pendant une grande partie de sa vie à la magie et aux sortilèges.
Vampires, Dictionnaire philosophique de Voltaire
Quoi! c’est dans notre XVIIe siècle qu’il y a eu des vampires! c’est après le règne des Locke, des Shaftesbury, des Trenchard, des Collins; c’est sous le règne des d’Alembert, des Diderot, des Saint-Lambert, des Duclos, qu’on a cru aux vampires, et que le R. P. dom Augustin Calmet, prêtre bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hidulphe, abbé de Sénones, abbaye de cent mille livres de rentes, voisine de deux autres abbayes du même revenu, a imprimé et réimprimé l’histoire des vampires avec l’approbation de la Sorbonne, signée Marcilli!
Ces vampires étaient des morts qui sortaient la nuit de leurs cimetières pour venir sucer le sang des vivants, soit à la gorge ou au ventre, après quoi ils allaient se remettre dans leurs fosses. Les vivants sucés maigrissaient, palissaient, tombaient en consomption; et les morts suceurs engraissaient, prenaient des couleurs vermeilles, étaient tout a fait appétissants. C’était en Pologne, en Hongrie, en Silésie, en Moravie, en Autriche, en Lorraine, que les morts faisaient cette bonne chère. On n’entendait point parler de vampires à Londres, ni même à Paris. J’avoue que dans ces deux villes il y eut des agioteurs, des traitants, des gens d’affaires, qui sucèrent en plein jour le sang du peuple; mais ils n’étaient point morts, quoique corrompus. Ces suceurs véritables ne demeuraient pas dans des cimetières, mais dans des palais fort agréables.
Qui croirait que la mode des vampires nous vint de la Grèce? Ce n’est pas de la Grèce d’Alexandre, d’Aristote, de Platon, d’Épicure, de Démosthène, mais de la Grèce chrétienne, malheureusement schismatique.
Depuis longtemps les chrétiens du rite grec s’imaginent que les corps des chrétiens du rite latin, enterrés en Grèce, ne pourrissent point, parce qu’ils sont excommuniés. C’est précisément le contraire de nous autres chrétiens du rite latin. Nous croyons que les corps qui ne se corrompent point sont marqués du sceau de la béatitude éternelle. Et dès qu’on a payé cent mille écus à Rome pour leur faire donner un brevet de saints, nous les adorons de l’adoration de dulie.
Les Grecs sont persuadés que ces morts sont sorciers; ils les appellent broucolacas ou vroucolacas, selon qu’ils prononcent la seconde lettre de l’alphabet. Ces morts grecs vont dans les maisons sucer le sang des petits enfants, manger le souper des pères et mères, boire leur vin, et casser tous les meubles. On ne peut les mettre à la raison qu’en les brûlant, quand on les attrape. Mais il faut avoir la précaution de ne les mettre au feu qu’après leur avoir arraché le coeur, que l’on brûle à part.
Le célèbre Tournefort, envoyé dans le Levant par Louis XIV, ainsi que tant d’autres virtuoses, fut témoin de tous les tours attribués à un de ces broucolacas, et de cette cérémonie. Après la médisance, rien ne se communique plus promptement que la superstition, le fanatisme, le sortilège et les contes des revenants. Il y eut des broucolacas en Valachie, en Moldavie, et bientôt chez les Polonais, lesquels sont du rite romain. Cette superstition leur manquait; elle alla dans tout l’orient de l’Allemagne. On n’entendit plus parler que de vampires depuis 1730 jusqu’en 1735: on les guetta, on leur arracha le coeur, et on les brilla: ils ressemblaient aux anciens martyrs; plus on en brûlait, plus il s’en trouvait.
Calmet enfin devint leur historiographe, et traita les vampires comme il avait traité l’ancien et le nouveau Testament, en rapportant fidèlement tout ce qui avait été dit avant lui.
C’est une chose, à mon gré, très curieuse, que les procès-verbaux faits juridiquement concernant tous les morts qui étaient sortis de leurs tombeaux pour venir sucer les petits garçons et les petites filles de leur voisinage. Calmet rapporte qu’en Hongrie deux officiers délégués par l’empereur Charles VI, assistés du bailli et du bourreau, allèrent faire enquête d’un vampire, mort depuis six semaines, qui suçait tout le voisinage. On le trouva dans sa bière, frais, gaillard, les yeux ouverts, et demandant à manger. Le bailli rendit sa sentence. Le bourreau arracha le coeur au vampire, et le brûla; après quoi le vampire ne mangea plus.
Qu’on ose douter après cela des morts ressuscités, dont nos anciennes légendes sont remplies, et de tous les miracles rapportés par Bollandus et par le sincère et révérend dom Ruinart!
Vous trouvez des histoires de vampires jusque dans les Lettres juives de ce d’Argens, que les jésuites auteurs du Journal de Trévoux, ont accusé de ne rien croire. Il faut voir comme ils triomphèrent de l’histoire du vampire de Hongrie; comme ils remerciaient Dieu et la Vierge d’avoir enfin converti ce pauvre d’Argens, chambellan d’un roi qui ne croyait point aux vampires.
« Voilà donc, disaient-ils, ce fameux incrédule qui a osé jeter des doutes sur l’apparition de l’ange à la sainte Vierge, sur l’étoile qui conduisit les mages, sur la guérison des possédés, sur la submersion de deux mille cochons dans un lac, sur une éclipse de soleil en pleine lune, sur la résurrection des morts qui se promenèrent dans Jérusalem: son coeur s’est amolli, son esprit s’est éclairé; il croit aux vampires! »
Il ne fut plus question alors que d’examiner si tous ces morts étaient ressuscités par leur propre vertu, ou par la puissance de Dieu, ou par celle du diable. Plusieurs grands théologiens de Lorraine, de Moravie et de Hongrie, étalèrent leurs opinions et leur science. On rapporta tout ce que saint Augustin, saint Ambroise, et tant d’autres saint, avaient dit de plus inintelligible sur les vivants et sur les morts. On rapporta tous les miracles de saint Étienne qu’on trouve au septième livre des oeuvres de saint Augustin; voici un des plus curieux. Un jeune homme fut écrasé, dans la ville d’Aubzal en Afrique, sous les ruines d’une muraille; la veuve alla sur-le-champ invoquer saint Étienne, à qui elle était très dévote: saint Étienne le ressuscita. On lui demanda ce qu’il avait vu dans l’autre monde. « Messieurs, dit-il, quand mon âme eut quitté mon corps, elle rencontra une infinité d’âmes qui lui faisaient plus de questions sur ce monde-ci que vous ne m’en faites sur l’autre. J’allais je ne sais où, lorsque j’ai rencontré saint Étienne qui m’a dit: « Rendez ce que vous avez reçu. » Je lui ai répondu: « Que voulez-vous que je vous rende? vous ne m’avez jamais rien donné. » Il m’a répété trois fois: « Rendez ce que vous avez reçu. » Alors j’ai compris qu’il voulait parler du Credo. Je lui ai récité mon Credo, et soudain il m’a ressuscité. »
On cita surtout les histoires rapportées par Sulpice Sévère dans la vie de saint Martin. On prouva que saint Martin avait, entre autres, ressuscité un damné.
Mais toutes ces histoires, quelque vraies qu’elles puissent être, n’avaient rien de commun avec les vampires qui allaient sucer le sang de leurs voisins, et venaient ensuite se placer dans leurs bières. On chercha si on ne trouverait pas dans l’ancien Testament ou dans la mythologie quelque vampire qu’on pût donner pour exemple; on n’en trouva point. Mais il fut prouvé que les morts buvaient et mangeaient, puisque chez tant de nations anciennes on mettait des vivres sur leurs tombeaux.
La difficulté était de savoir si c’était l’âme ou le corps du mort qui mangeait. Il fut décidé que c’était l’un et l’autre. Les mets délicats et peu substantiels, comme les meringues, la crème fouettée, et les fruits fondants, étaient pour l’âme; les roast-beefs étaient pour le corps.
Les rois de Prusse furent, dit-on, les premiers qui se firent servir à manger après leur mort. Presque tous les rois d’aujourd’hui les imitent; mais ce sont les moines qui mangent leur dîner et leur souper, et qui boivent le vin. Ainsi les rois ne sont pas, à proprement parler, des vampires. Les vrais vampires sont les moines qui mangent aux dépens des rois et des peuples.
Il est bien vrai que saint Stanislas, qui avait acheté une terre considérable d’un gentilhomme polonais, et qui ne l’avait point payée, étant poursuivi devant le roi Boleslas par les héritiers, ressuscita le gentilhomme; mais ce fut uniquement pour se faire donner quittance. Et il n’est point dit qu’il ait donné seulement un pot de vin au vendeur, lequel s’en retourna dans l’autre monde sans avoir ni bu ni mangé.
On agite souvent la grande question si l’on peut absoudre un vampire qui est mort excommunié. Cela va plus au fait.
Je ne suis pas assez profond dans la théologie pour dire mon avis sur cet article; mais je serais volontiers pour l’absolution, parce que dans toutes les affaires douteuses il faut toujours prendre le parti le plus doux: Odia restringenda, favores ampliandi.
Le résultat de tout ceci est qu’une grande partie de l’Europe a été infestée de vampires pendant cinq ou six ans, et qu’il n’y en a plus; que nous avons eu des convulsionnaires en France pendant plus de vingt ans, et qu’il n’y en a plus; que nous avons eu des possédés pendant dix-sept cents ans, et qu’il n’y en a plus; qu’on a toujours ressuscité des morts depuis Hippolyte, et qu’on n’en ressuscite plus; que nous avons eu des jésuites en Espagne, en Portugal, en France, dans les Deux-Siciles, et que nous n’en avons plus.
Sithys
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De la divination des démons
29/06/2006 22:59
DE LA DIVINATION DES DÉMONS
In OEUVRES COMPLÈTES DE SAINT AUGUSTIN, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Tome XII, p. 270-279. BAR-LE-DUC,1866.
Dieu permet que les démons devinent, et qu'il leur soit rendu un certain culte : mais il ne suit pas de là que ces divinations et ce culte soient dans l'ordre. — D'où viennent les divinations des démons. — Pourquoi elles sont quelquefois vraies, et pourquoi elles sont fausses la plupart du temps.
1. Un matin, pendant nos saints jours d'octaves (2)s, un certain nombre de nos frères laïques se trouvaient chez moi réunis au lieu habituel de nos séances, quand la conversation tomba sur notre sainte religion comparée à cette science si présomptueuse des païens, qu'on nous présente comme étonnante et vraiment sérieuse. J'ai cru devoir rédiger par écrit et même compléter les souvenirs que cette conversation m'a laissés. Je tairai cependant le nom de mes honorables contradicteurs, bien qu'ils fussent de vrais chrétiens, et que leurs objections eussent plutôt pour but d'arriver à mieux connaître ce qu'il faut répondre aux païens.
On traitait donc de la divination des démons, et l'on prétendait que je ne sais quel individu avait prédit la destruction du temple de Sérapis, qui réellement eut lieu dans la ville d'Alexandrie. — Rien d'étonnant, répondis-je, que les démons aient pu savoir et prédire le renversement de leur temple et de leur idole, ainsi que maints autres faits; ils l'ont pu dans la mesure où il leur est permis de connaître l'avenir et de l'annoncer.
2. Ainsi, me fut-il aussitôt répliqué, ainsi les divinations de ce genre ne sont point un mal, et Dieu ne les réprouve point; si elles étaient coupables et mauvaises, ni sa toute-puissance ni sa justice ne les permettraient.
Je répondis : De ce qu'un Dieu tout-puissant et infiniment juste les permet, ce n'est pas, ce semble, une raison pour les déclarer conformes à la justice. Bien d'autres faits sont manifestement injustes, tels que les homicides, les adultères, les vols, les rapines et tous les autres crimes semblables; bien que certainement ils déplaisent à ce Dieu juste au seul titre de leur injustice, ils n'en arrivent pas moins avec sa permission, par un décret infaillible de sa haute sagesse, qui certes ne leur garantit point l'impunité, mais au contraire prononce la damnation de ceux dont le crime offense sa souveraine justice.
3. Une objection m'attendait : La toute-puissance et la justice de Dieu sont hors de doute; mais ces sortes de péchés sont purement humains, puisqu'ils ne s'attaquent qu'à la société humaine; Dieu n'y attache donc pas d'importance au moment où ils se commettent, et c'est pour cela qu'ils peuvent être commis; car évidemment ils seraient impossibles, sans la tolérance du Tout-Puissant. Quant à ces faits, au contraire, qui blesseraient directement la religion même, on ne croira jamais que Dieu les méprise. Par suite, ils ne peuvent arriver, si Dieu ne les approuve, et l'on ne peut les regarder comme mauvais.
A cette difficulté, j'ai répondu : Dites donc plutôt qu'il les désapprouve aujourd'hui, puisque nous voyons tomber temples et idoles, et que les sacrifices qui ont lieu aujourd'hui, sont punis aussitôt. En effet, comme vous prétendez qu'autrefois il leur a fallu l'approbation de Dieu pour pouvoir se produire, et que par suite ils sont légitimes puisque la souveraine Justice les agrée, ainsi peut-on dire que, s'ils ne lui déplaisaient point, ils n'auraient pas subi cette proscription, cette abolition, ce châtiment. Ainsi, enfin, supposé qu'autrefois (272) ils étaient irrépréhensibles, par la raison qu'ils plaisaient au Dieu souverainement juste, avouez que maintenant ils seraient coupables, puisque Dieu, ordonnant ou permettant qu'on les abolisse, c'est une preuve qu'ils lui déplaisent.

CHAPITRE II. DIEU A PERMIS, COMME TOUT-PUISSANT, CE QU'IL DÉSAPPROUVAIT COMME INFINIMENT JUSTE. — LIVRES PONTIFICAUX QUI RÉGLAIENT LES CÉRÉMONIES PROFANES. — RÉSUMÉ ET ÉNONCÉ.
4. On me répliquait que de nos jours ces actes sont injustes, mais non point mauvais cependant ; injustes, puisqu'ils attaquent une loi qui les proscrit; non point mauvais toutefois, puisque s'ils étaient un mal, ils n'auraient jamais dû plaire à Dieu; et que s'ils lui avaient toujours déplu, jamais ils n'auraient existé, car ils n'auraient pas été tolérés par Celui qui peut tout, par Celui qui ne méprisera jamais des faits pareils, assez importants et assez graves pour attaquer la religion même et le culte de Dieu, s'ils sont coupables.
Eh bien ! dis-je alors, si vous n'y voyez aucun mal sous prétexte que le Tout-Puissant, en laissant faire, montre assez qu'il approuve, comment sera-t-il permis et bon de les interdire et de les abolir ? Car, s'il n'est pas bien d'abolir ce qui plaît à Dieu, sa toute-puissance ne devrait pas permettre cette abolition. En détruisant ainsi ce qui plaît à Dieu, les hommes, en effet, attentent au culte qui honore le vrai Dieu. Or, si sa toute-puissance laisse s'accomplir cette abolition supposée coupable, vous ne devez donc pas justifier les faits eux-mêmes, sous le prétexte que le Tout-Puissant les permet.
5. On me dit alors qu'il fallait bien accorder que ces faits sont maintenant coupables. On alla plus loin; ils ont cessé de se produire, me dit-on, parce qu'ils déplaisent maintenant au Tout-Puissant; mais ils lui ont agréé à l'époque où ils se produisaient. Nous ne savons pas pourquoi ils lui étaient alors agréables, et pourquoi ils lui -déplaisent aujourd'hui; mais une chose est certaine du moins: c'est que jadis ils n'auraient point eu lieu, s'ils n'avaient point agréé au Tout-Puissant, et qu'ils n'auraient point fini de nos jours, s'ils n'avaient point cessé de plaire à sa toute-puissance.
Pourquoi donc, répliquai-je aussitôt, pourquoi des actes semblables s'opèrent-ils en secret, de nos jours mêmes, tantôt cachés à tout jamais, tantôt surpris et châtiés, — s'il est vrai que le Tout-Puissant ne permette aucun acte de ce genre qui ne plaise à sa souveraine justice ? Car une chose injuste ne peut jamais plaire à Celui qui est juste par excellence.
On me répondit en niant absolument l'existence d'actes semblables à notre époque. Les rites décrits dans les livres Pontificaux ne s'accomplissent plus aujourd'hui, me dit-on; alors, au contraire, ils avaient lieu légitimement; alors ils plaisaient évidemment à Dieu, par cela seul que, tout-puissant et juste, il laissait tout faire. Que si maintenant quelques-uns de ces sacrifices défendus se font clandestinement et contrairement aux lois, ils ne peuvent être comparés avec ces rites Pontificaux des cérémonies sacrées; bien plus, il faut les ranger parmi les rites nocturnes; et toutes ces opérations illicites sont proscrites et condamnées par les livres Pontificaux eux-mêmes.
Ma réponse fut. Pourquoi Dieu permet-il même ces faits irréguliers, s'il est vrai qu'il ne méprise aucun des actes attentatoires à la religion ? Ces faits eux-mêmes, doivent inquiéter le ciel ; c'est un aveu que sont forcés de faire ceux-là surtout qui estiment les livres Pontificaux jusqu'au point de regarder comme défendu de Dieu ce que ces livres défendent. A quel titre, dès lors, Dieu les défend-il, sinon comme lui étant désagréables ? Et sa défense ne montre-t-elle pas non-seulement qu'il les désapprouve, mais encore qu'il en a souci, loin de les couvrir d'un mépris absolu ? Concluez plutôt que certains faits sont condamnés par sa justice, bien que permis par sa toute-puissance.
6. Après ces explications, on m'accorda qu'il ne fallait pas juger une oeuvre, en général, comme juste et bonne, par la seille raison que le Tout-Puissant la laissait passer, bien qu'elle lui déplaise. On convint même d'avouer que les oeuvres détestables qui attaquent directement le culte de Dieu, se trouvent tout ensemble et désapprouvées par la Souveraine Justice et permises par la Toute-Puissance en considération du jugement à venir. On demanda dès lors à traiter un point nouveau; à savoir d'où viennent les divinations (273) prophétiques des démons, ou de ces êtres, quels qu'ils soient, que les païens appellent leurs dieux. Il importait, disait-on, d'examiner si ces faits sont légitimes, non plus parce que la Toute-Puissance les autorise, mais parce qu'en eux-mêmes ils sont tellement sérieux, qu'on ne peut les attribuer qu'au pouvoir même de Dieu. — Je promis de répondre à ces différentes questions, mais plus-tard seulement, parce que l'heure me pressait pour une réunion des fidèles; et, dès que je trouvai le temps d'écrire, je ne différai point de rédiger notre première conversation, et d'y ajouter ce qui suit.

CHAPITRE III. LA DIVINATION DES DÉMONS S'EXPLIQUE PAR TROIS CAUSES.
7. Telle est la nature des démons, que leur corps aérien jouit d'une sensibilité bien supérieure à celle des corps terrestres ; et que ce même corps aérien est doué d'une si grande facilité de mouvement, que sa rapidité non-seulement surpasse celle des hommes et des animaux sauvages, mais qu'elle l'emporte incomparablement sur le vol des oiseaux mêmes. Grâce à ces deux facultés inhérentes à ce corps aérien, c'est-à-dire, grâce à ces sens plus exquis et à ces mouvements plus rapides, ils savent avant nous bien des choses qu'ils prédisent ou révèlent, au grand étonnement des hommes, dont le sens tout terrestre est bien plus alourdi. Ajoutez que les démons, à la faveur de la durée si longue de leur vie toujours persévérante, ont acquis l'expérience des choses; bien plus que ne peuvent la posséder les humains dont la vie est si courte. Aidés de ces forces propres à la nature de leur corps aérien, les démons non-seulement prédisent plusieurs événements futurs, mais ils opèrent maintes oeuvres merveilleuses. Et comme les humains sont incapables de telles prédictions et de telles opérations, il se voit des gens qui regardent les démons comme dignes d'être servis, et de recevoir même les honneurs divins ; et ces gens obéissent surtout à l'instigation de ce vice de la curiosité qui leur fait aimer un bonheur faux et terrestre et une supériorité mondaine.
Quant aux hommes qui se maintiennent purs de ces mauvaises passions, loin de se laisser abuser et captiver parelles, ils ne cherchent, ils n'aiment que le bien immuable et dont la participation doit les rendre heureux. Partant de là, ils commencent par se convaincre que, pour être doués de sens plus pénétrants qu'ils doivent uniquement à leur substance aérienne, à l'élément plus subtil de leur corps, les démons ne possèdent pour cela sur l'homme aucune supériorité véritable. En effet, en se comparant avec des corps terrestres, ils n'iront pas se placer au-dessous des bêtes, bien que chez elles les sens soient tout autrement pénétrants que chez nous. Ainsi, la sagacité du chien sait découvrir, grâce à son flair exquis, le gibier qui se cache, et c'est l'animal même qui sert comme de guide à l'homme pour s'en saisir; non certes qu'il ait une âme plus que la nôtre développée,et intelligente, mais seulement un sens physique plus pénétrant. Ainsi, encore, le vautour se précipite à tire d'ailes vers le cadavre le plus éloigné. Ainsi l'aigle planant dans le ciel aperçoit, dit-on, de cette grande hauteur, le poisson qui nage sous les flots; et, tombant brusquement sur les eaux, déployant et ses jambes et ses serres, il se saisit de sa proie. Ainsi, enfin, nombre d'autres animaux rencontrent sous leurs pas errants des herbes nuisibles semées au hasard dans leurs pâturages, et ne touchent à aucune de ces plantes dangereuses, tandis qu'à grand' peine l'expérience instruit l'homme à les éviter, et qu'il redoute bien des aliments innocents, parce qu'il ne les a pas essayés. De là il est aisé de conjecturer combien plus vifs encore doivent être les sens de corps aériens, sans que pour cela jamais homme sage n'assigne aux démons la supériorité sur les gens de bien. — Je pourrais dire la même chose à l'endroit de la vitesse des corps : en cette faculté, les hommes sont tellement inférieurs, non-seulement aux oiseaux, mais à un grand nombre de quadrupèdes, qu'on nous jugerait lourds comme le plomb en comparaison de leur rapidité. Et toutefois nul ne se placera au-dessous de ces races d'animaux pour cette mince raison; nul n'oubliera que, pour les prendre, les apprivoiser, les plier à notre usage ou à notre caprice, la raison et non la force physique suffit à notre entreprise.

CHAPITRE IV. BIEN QUE LES DÉMONS FASSENT CERTAINES CHOSES ÉTONNANTES, IL FAUT LES MÉPRISER.
Quant à la troisième faculté des démons, à (274) cette longue expérience qui leur a fait apprendre mille choses dont ils ont la prescience et font la prédiction, c'est un avantage que méprise quiconque s'étudie soigneusement à tout juger d'après les pures lumières de la vérité. Dans ces conditions, un jeune adolescent, vraiment honnête, ne se croira pas inférieur à un détestable vieillard qui, pour avoir beaucoup expérimenté, aura l'air d'en savoir plus que lui; et quand même des médecins, des navigateurs, des agronomes se mettraient en parallèle avec lui, s'ils ont une âme dépravée et des moeurs coupables, le jeune homme sage ne les préférerait pas à lui-même, pour ce motif que les maladies, les orages, la science des arbustes ou des plantes leur donnent lieu de faire de telles prédictions que, vu son inexpérience de ces choses, ils posent en prophètes devant lui.
8. Or, comme les démons ne se contentent pas de prédire quelques faits à venir; comme ils opèrent encore certains actes étonnants, grâce sans doute à la perfection de leur corps, faut-il moins pour cela qu'un homme sage les méprise; lui qui voit tant d'individus pervers et misérables exercer à tel point leurs membres, déployer tant d'habileté dans leurs différentes professions, que ceux qui n'y sont point initiés ou n'en ont pas été témoins peuvent à peine croire aux faits qu'on en raconte? Quelles merveilles n'ont point exécutées les funambules et les artistes de théâtre ! Quels prodiges sortent des mains d'ouvriers et surtout de mécaniciens ! Sont-ils pour cela meilleurs que les gens de bien, en qui reluisent la sainteté et la piété?
J'ai rappelé ces exemples, afin que l'observateur qui les étudiera sans prévention opiniâtre ni vain esprit de dispute et de contradiction, arrive de lui-même à faire le raisonnement suivant : Des matières infimes et grossières, telles que le corps humain, ou telles que la terre et l'eau, les pierres, les bois, les divers métaux, peuvent enfanter des prodiges dans les mains de certains hommes, à ce point que les gens incapables d'en faire de pareils, pénétrés de stupeur, les appelleront divins, en les comparant avec eux-mêmes. Malgré cela, toujours les uns gardent leur supériorité professionnelle, tandis que les autres conservent la supériorité de leurs vertus. Combien donc de merveilles, et plus difficiles et plus étonnantes, les démons pourront-ils exécuter par la force et par la souplesse du plus subtil des corps, je veux dire, de leur substance aérienne; bien que la dépravation de leur volonté et surtout leur étalage d'orgueil et la noirceur de leur jalousie les constituent toujours esprits impurs et immondes ! — Il serait trop long de démontrer quelle puissance cet air, cause de leur force corporelle, possède pour agir invisiblement sur maintes choses visibles, pour les mouvoir, les changer, les bouleverser. Je pense, d'ailleurs, qu'après un instant de réflexion, il est facile de se l'imaginer.

CHAPITRE V. D'OU VIENT QUE LES DÉMONS ANNONCENT L'AVENIR.
9. Les choses étant ainsi, il faut savoir tout d'abord, en cette question de la divination par les démons, que le plus souvent ils prédisent ce qu'eux-mêmes doivent faire. Car souvent ils reçoivent le pouvoir d'envoyer les maladies, de rendre l'air malsain en l'infectant, de conseiller le mal aux hommes déjà pervertis ou trop amis des avantages terrestres, et dont les tristes moeurs leur donnent la certitude d'un consentement absolu à leurs perfides conseils. Et ces suggestions, ils les produisent par mille procédés aussi étonnants qu'invisibles, en pénétrant par leurs corps si subtils dans les corps des hommes qui ne s'en doutent point, en se mêlant à leurs pensées par des images et des fantômes dans l'état de veille ou dans le sommeil.
Quelquefois aussi leur prédiction n'a pas pour objet ce qu'ils font eux-mêmes, mais ce dont ils présagent l'avenir d'après certains signes naturels, signes que nos sens humains ne peuvent percevoir. On ne regardera pas comme un devin, par exemple, le médecin qui prévoit certains faits que ne voit point d'avance l'homme étranger à son art. Or, faut-il s'étonner que comme le médecin prévoit d'après une perturbation ou d'après une amélioration du tempérament humain, notre santé à venir, bonne ou mauvaise; ainsi le démon, d'après certaine disposition ou règle de l'air qu'il connaît, lui, et qui nous échappe, prévoie les variations du temps?
Parfois même, les démons apprennent très-facilement les dispositions intimes des hommes (1), non-seulement quand notre langue les déclare, mais même quand notre pensée les a simplement conçues, si toutefois certains signes de notre corps les ont exprimées et trahies hors de notre esprit. De là, bien des prédictions de choses à venir, étonnantes pour d'autres personnes qui ne connaissent pas ces dispositions secrètes. En effet, comme un mouvement trop vif de notre âme se reflète sur notre visage, de façon que nos semblables reconnaîtront à ces traits extérieurs ce qui se passe en notre intérieur; ainsi ne doit-il pas paraître incroyable que des pensées même plus calmes donnent sur notre corps certains signes que le sens moins délicat des hommes ne peut saisir, tandis qu'il peut l'être par le sens bien plus pénétrant des démons.

CHAPITRE VI. QUE, LE PLUS SOUVENT, LES DÉMONS SONT TROMPÉS ET TROMPEURS.
10. Avec cette faculté si puissante, les démons font quelques prédictions, sans jamais approcher, même de loin, de cette hauteur prophétique à laquelle Dieu élève ses saints anges et ses prophètes. Car si les malins esprits annoncent d'avance quelque chose des desseins de Dieu, c'est qu'ils l'ont entendu pour l'annoncer ; et quand ils prédisent ainsi ce qu'ils entendent par cette voie, ils ne sont ni trompés ni trompeurs, puisque les oracles angéliques ou prophétiques sont infaillibles. On aurait tort, au surplus, de trouver inconvenantes ces quelques prédictions qu'il est donné aux démons d'entendre et de nous répéter une chose qu'on dit pour la faire savoir à tous, peut, sans inconvenance, passer par la bouche non-seulement des bons, mais des méchants eux-mêmes. Ne voyons-nous pas, dans la société, les hommes pervers aussi bien que les justes célébrer les maximes de la saine morale? Et, loin de perdre son prestige sur les lèvres de gens qui la contredisent par leurs moeurs dépravées, la vérité y gagne d'être plus connue, plus en renom, quand ils disent ce qu'ils en savent. — Dans leurs autres prédictions, au contraire, les démons, la plupart du temps, sont trompés et trompeurs. Ils sont trompés, parce qu'au moment où ils révèlent leurs intentions, un ordre imprévu part d'en-haut qui bouleverse tous leurs desseins. C'est ainsi que quand des subalternes méchants prennent certaines dispositions qu'ils espèrent ne devoir pas être entravées par leurs supérieurs, et qu'ils s'engagent ainsi à réaliser, il arrive, au contraire, que ceux-ci, aux mains desquels est le pouvoir principal, empêchent tout à coup par un ordre suprême le fait déjà arrangé et préparé. Ils sont trompés, encore, lorsque, comme nos médecins, nos navigateurs, nos agriculteurs, et même avec une sagacité et une pénétration beaucoup plus habiles et plus subtiles, puisque leur nature jouit de sens plus fins et plus exercés, ils prédisent certains événements d'après la science de leurs causes naturelles; ces événements, en effet, sont changés d'une façon soudaine et imprévue et subissent une disposition nouvelle et inconnue aux démons, par le ministère des anges, pieux serviteurs du Dieu suprême. Ainsi un accident extérieur vient frapper de mort un malade auquel un médecin avait promis la vie, d'après certains symptômes antérieurs et vraiment favorables. Ainsi encore, prévoyant l'état de l'atmosphère, quelque navigateur avait pu prédire une longue durée à ce vent d'orage auquel Notre-Seigneur, embarqué avec ses disciples, commanda de s'apaiser, « et un grand calme régna sur-le-champ (1) ». C'est enfin comme si un agriculteur garantissait pour telle année la fécondité heureuse d'une vigne, d'après la connaissance qu'il a de la nature du terrain et de la quantité des bourgeons; et que cependant, cette année même, la vigne fût desséchée par l'état imprévu d'un ciel inclément ou arrachée par ordre supérieur. Pareillement nombre de faits sont soumis à la prescience des démons et peuvent être prédits par eux, parce que des causes d'un ordre inférieur et ordinaire permettent de les prévoir dans l'avenir; mais ces mêmes faits sont empêchés et changés par des causes majeures et plus secrètes.
D'autre part, les démons nous trompent aussi, pour le seul plaisir de tromper, et par cet esprit d'envie qui les fait se réjouir de nos erreurs. Mais pour ne pas perdre auprès de leurs sectaires leur crédit et leur autorité, ils font en sorte que la faute, quand ils sont trompés ou qu'ils ont menti, soit attribuée à leurs interprètes et à ceux qui font métier de conjecturer d'après leurs signes.
11. Où donc est la merveille, si à l'heure imminente, et d'ailleurs depuis si longtemps prédite par les prophètes du vrai Dieu, où devaient tomber les temples et les idoles, le démon Sérapis a fait connaître l'événement tout prochain à quelqu'un de ses adorateurs, pour recommander ainsi son fantôme de divinité au moment même de sa retraite ou de sa fuite ?

CHAPITRE VII. POURQUOI LES DÉMONS TANTÔT SE TAISENT SUR LEURS PROPRES MALHEURS, ET TANTÔT LES PUBLIENT.
Ils sont chassés, en effet, lui et ses pareils; ou bien, paf les ordres suprêmes, ils sont enchaînés et arrachés des lieux mêmes de leur domaine, afin que sur les choses sujettes jusqu'alors à leur empire et servant à leur culte, désormais s'accomplisse la volonté de Dieu qui, depuis tant de siècles, a prédit cette révolution comme déviant s'opérer chez tous les peuples et qui a même commandé qu'elle s'exécutât par la main de ses fidèles. Or, pourquoi le démon n'aurait-il pas eu la permission de prédire un coup dont il se savait déjà menacé? En effet cette prédiction de sa ruine était attestée par les Prophètes qui l'avaient écrite tout au long; Dieu d'ailleurs, rayait donnée à pressentir aux hommes sages en leur recommandant de se garer des fourberies des démons et de fuir leur culte. Ces malins esprits, après avoir, pendant de longs siècles, gardé le silence dans leurs temples sur des faits dont ils ne pouvaient ignorer la prédiction par les Prophètes comprirent leur prochain accomplissement et voulurent se donner l'air de les prédire, de peur de passer pour des ignorants et des vaincus. Cette ruine avait donc été depuis longtemps et prédite et écrite; et pour n'en point donner d'autres preuves, je ne citerai que ces paroles du prophète Sophronie : « Dieu prévaudra contre eux, il exterminera tous les dieux des nations de la terre, et lui-même sera adoré par chacun dans son pays, par toutes les îles des nations (1) ».
Or, de deux choses, l'une
1° Vénérés dans les temples des Gentils, peut-être les démons ne croyaient-ils pas à l'accomplissement de ces oracles, et c'est pour cela qu'ils ne voulurent pas les publier par leurs devins et leurs illuminés fanatiques. C'est ainsi qu'un de leurs poètes nous montre Junon n'ayant point une foi absolue à ce que Jupiter avait prédit sur le mont de Turnus.
Cette Junon, que l'on aime à nommer chez eux la puissance de l'air, parle ainsi dans Virgile : « Aujourd'hui un bien rude coup menace la tête innocente de Turnus; ce coup, je le vois venir, ou je m'abuse. Ah ! puissè-je être le jouet de vaines alarmes ! Et vous, qui le pouvez, que ne changez-vous en l'adoucissant un arrêt si rigoureux (1) ! » — Je dis donc : Ou bien ces prédictions, qu'ils savaient avoir été faites par les prophètes, les démons, ces puissances aériennes, doutant de leur accomplissement, les regardaient comme simplement possibles, et, par suite, ils ne voulurent point- en publier l'oracle; — et ce silence donne la mesure de leur caractère;
2° Ou bien, au contraire, sachant à n'en point douter qu'elles se réaliseraient, ils se sont tus dans leurs temples pour cette raison même, de peur de se voir dès lors abandonnés et méprisés par les hommes intelligents, puisque le renversement de leurs temples et de leurs idoles eût été attesté par les prophètes mêmes qui défendaient de les honorer.
Mais, de nos jours, le temps.; était venu où déjà s'accomplissaient les oracles des prophètes de ce Dieu unique, qui déclare les démons autant de faux dieux et interdit très-sévèrement leur culte : pourquoi, dès lors, connaissant le décret de leur ruine, les démons n'auraient-ils pas reçu la permission de la prédire et de montrer ainsi avec évidence ou qu'ils n'y ont point cru auparavant, ou qu'ils ont craint de l'annoncer à leurs adorateurs? Et cette prédiction, enfin, dans leur intention, ne prouvait-elle pas que n'ayant désormais rien à faire de mieux, ils ont voulu du moins se montrer devins habiles, et à l'heure même où les faits venaient les convaincre d'avoir longtemps usurpé les honneurs divins?

CHAPITRE VIII. LES DÉMONS ONT PU FAIRE QUELQUES PRÉDICTIONS VRAIES. D'APRÈS LEURS CONNAISSANCES DES ORACLES DES PROPHÈTES; MAIS ILS N'ONT JAMAIS OSÉ RIEN DIRE CONTRE LE VRAI DIEU.
12. Toutefois les adorateurs qui leur restent encore prétendent que certains de leurs livres contiennent ces prédictions. On aurait droit de croire, il est vrai, qu'elles ont été fabriquées d'après les événements mêmes, puisque, si elles étaient authentiques, leurs temples auraient dû, depuis si longtemps, les faire connaître à leurs peuples. Ainsi agit-on, en effet, non-seulement dans nos églises, à nous; mais, ce qui est un témoignage plus écrasant encore, contre tous nos ennemis, ainsi agissent les synagogues des Juifs, qui les donnent à lire de toute antiquité et en toute clarté. Cependant les quelques pauvres prédictions que l'on produit si rarement et à la dérobée, ne nous doivent point étonner, supposât-on qu'on ait pu extorquer de quelque démon un aveu fait à ses adorateurs, un secret que lui-même avait appris par les prédications- des prophètes ou par les oracles des anges. Pourquoi ce fait serait-il impossible, puisqu'il n'attaque pas et qu'il atteste au contraire la vérité? Un seul oracle leur doit être demandé comme valide contre nous; mais ils ne l'ont jamais produit; mais ils n'essaieront jamais de le produire à moins de le fabriquer : c'est de nous montrer leurs dieux comme ayant osé rien prédire ou dire même par leurs devins contre le Dieu d'Israël. Ce Dieu, leurs écrivains les plus savants, qui ont pu tout lire et connaître, ont demandé qui il était, plutôt qu'ils n'ont eu le pouvoir de nier sa divinité. Or, au contraire, ce Dieu dont aucun d'eux n'a osé nier le titre de Dieu véritable, et qu'une négation si hardie n'empêcherait pas de les punir comme ils le méritent, outre que des faits certains la convaincraient de mensonge; ce Dieu, oui, dont aucun d'eux, je l'ai dit, n'a osé nier qu'il fût le Dieu véritable, les a traités de divinités fausses qu'on doit abandonner; temples, idoles, culte, il veut, par ses vrais devins, c'est-à-dire par ses Prophètes, que tout s'écroule; son arrêt publiquement l'a prédit; sa puissance publiquement l'a commandé ; sa vérité publiquement l'a accompli. Aussi, quel homme sera désormais fou, jusqu'à ne pas donner tout son culte de préférence à Celui que les dieux mêmes qu'il honorait ne lui défendent point d'honorer? Et, dès qu'il commencera à lui porter son hommage, il le refusera bien certainement à ceux qu'un Dieu qu'il honore lui défend d'honorer.

CHAPITRE IX. LES PROPHÈTES ONT PRÉDIT QUE LE CULTE DES DÉMONS DISPARAITRA POUR FAIRE PLACE AU CULTE D'UN SEUL DIEU.
13. Que lui-même, au contraire, dût enfin recevoir le culte des nations, heureuses de bannir les fausses divinités qu'elles honoraient auparavant, c'est un fait prédit par les prophètes, comme je l'ai rappelé déjà et comme j'aime à le redire encore : « Le Seigneur prévaudra contre eux, est-il dit; il exterminera les dieux des nations de la terre, et c'est lui qui sera adoré par chacun dans son pays, par toutes les îles des nations (1) ». — Ce ne seront pas les îles seulement, mais toutes les nations si bien au complet que toutes leurs îles mêmes voudront l'adorer; d'autant plus qu'en un autre livre sacré, l'Ecriture ne mentionne pas les îles, mais le monde habité tout entier : « La terre dans toute son étendue se souviendra de ces choses et se convertira au Seigneur; et tous les peuples différents des nations seront dans l'adoration en sa présence, parce que la vraie, royauté appartient au Seigneur; à lui reviendra l'empire sur toutes les nations (2) ». L'accomplissement de ces prophéties par Jésus-Christ était annoncé assez évidemment par d'autres témoignages encore, et spécialement par ce même psaume auquel j'emprunte ces paroles. En effet, après nous avoir entretenus de sa Passion à venir, en disant par le Prophète dans les versets précédents : « Ils ont percé mes mains et mes pieds ; ils ont compté tous mes os; ils se sont plu à me regarder et à me contempler; ils ont partagé mes vêtements entre eux, et ils ont jeté ma robe au sort », presque aussitôt après ces plaintes, le Seigneur ajoute les paroles que j'ai citées : « La terre dans toute son étendue se souviendra de ces choses et se convertira ». D'ailleurs, le texte que j'ai cité en premier lieu, où vous lisez : « Le Seigneur prévaudra contre eux, il exterminera tous les dieux de la terre », ce texte, parce seul mot « il prévaudra », est déjà une prophétie d'un double fait, à savoir : des combats que les païens devaient livrer à l'Eglise, de ces persécutions à outrance contre le nom chrétien, pour l'effacer entièrement de ce monde, s'il eût été possible; puis de la victoire que le Seigneur remporterait sur eux par la patience de ses martyrs et la grandeur des miracles qui amèneraient enfin tous les peuples à la vraie foi. C'est le sens de l'expression : « Le Seigneur prévaudra contre eux ». Il ne serait point dit que Dieu dût prévaloir contre eux, si eux-mêmes n'avaient pas dû lui résister en l'attaquant. Aussi le Psalmiste l'avait ainsi prophétisé :
« Pourquoi les nations ont-elles frémi, et pourquoi les peuples ont-ils formé de vains complots ? Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Christ ». — Mais il ajoute bientôt : « Le Seigneur m'a dit : Vous êtes mon fils; je vous ai engendré aujourd'hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage et j'étendrai votre empire jusqu'aux extrémités de la terre (1) » . C'est ce qui dictait déjà les paroles précitées d'un autre psaume : « La terre dans toute son étendue se souviendra de ces choses et se convertira au Seigneur ». — Ces prophéties majestueuses annonçaient évidemment un fait réalisé par Jésus-Christ, à savoir, que le Dieu d'Israël, par nous reconnu comme le seul vrai Dieu, serait honoré bientôt non pas seulement dans cette unique nation qui s'est appelée Israël, mais par tous les peuples, et que tous les faux dieux des nations seraient par lui arrachés et de leurs temples, et des coeurs mêmes de leurs adorateurs.

14. Qu'ils viennent maintenant, ces vaincus; et qu'en face de la religion chrétienne et contre le culte du vrai Dieu, ils osent batailler encore en faveur de veilleries puériles, afin de périr sans doute avec quelque bruit. Car le psaume leur prédit encore ce sort misérable, et voici les paroles du Prophète :
« Vous vous êtes assis sur votre trône, vous a qui jugez selon la justice. Vous avez condamné les nations, et l'impie a péri; vous avez effacé leur nom pour toute l'éternité et pour les siècles des siècles. Les armes de l'ennemi ont perdu leur force pour toujours et vous avez détruit leurs villes. Leur mémoire a péri avec grand bruit; mais le Seigneur demeure éternellement (2) ». Il faut absolument que tout cela s'accomplisse ; et si ce petit nombre d'ennemis qui survivent osent encore vanter leurs doctrines gonflées de vent, et se moquer des chrétiens comme d'ignorants inhabiles, nous ne devons pas être surpris de cette accusation, puisque nous y voyons se réaliser une prophétie de plus.
En effet, cette inhabileté, cette folie des chrétiens, où se dévoile la plus haute, la seule véritable sagesse aux yeux des humbles et des saints, qui l'étudient avec amour : oui, c'est elle, c'est cette prétendue folie des chrétiens qui a réduit leurs adversaires à n'être plus qu'une infime minorité, parce que, selon le mot de l'Apôtre : « Dieu a rendu insensée la sagesse de ce monde » ; aussi ajoute-t-il un trait admirable à qui sait le comprendre, quand il poursuit : « En effet, Dieu voyant que le monde avec la sagesse humaine, ne l'avait point connu dans les ouvrages de sa sagesse divine, il lui a plu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient en lui. Car les Juifs demandent des miracles et les gentils cherchent la sagesse; et nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, lequel est un scandale pour les Juifs, et une folie pour les Gentils; mais il est la force de Dieu et la sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Gentils; parce que ce qui paraît en Dieu une folie, est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui paraît en Dieu une faiblesse, est plus fort que toute la force des hommes (1) ».
Qu'ils se moquent donc, et de tout leur possible, de notre prétendue ignorance et de notre folie, et qu'ils vantent leur science et leur sagesse. Ce que je sais, c'est que nos insulteurs sont déjà moins nombreux cette année qu'ils ne l'étaient l'an dernier. Car depuis l'époque où les nations ont frémi, et où les peuples ont vainement comploté contre le Seigneur et contre son Christ, alors qu'ils versaient le sang des saints et qu'ils ravageaient l'Eglise, jusqu'au temps présent et dans les âges qui suivront, ils diminueront en nombre de jour en jour. Quant à nous, nous sommes fortifiés à l'infini contre leurs opprobres et leurs moqueries superbes, parles oracles de notre Dieu, que nous voyons sur ce point même, que nous sommes heureux de voir se vérifier toujours. Car c'est à nous qu'il déclare par son Prophète :
« Ecoutez-moi, vous qui connaissez la justice; vous, mon peuple, qui avez ma loi gravée dans vos coeurs; ne craignez point les opprobres des hommes; ne vous laissez pas vaincre par leurs outrages; et s'ils vous méprisent aujourd'hui, ne faites pas grand cas de leur mépris. Car, comme les vêtements, ils seront usés par le temps; et comme la laine, ils seront dévorés par les vers; mais ma justice subsiste éternellement (1) ».
Qu'ils lisent cependant nos réflexions, s'ils daignent nous entendre ; et quand leurs objections arriveront à nos oreilles, autant que Dieu nous aidera, nous espérons p répondre.
Traduction de M. l'abbé COLLERY.
Sithys
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